Le temps, la ville et l’urbaniste

21 juillet 2010

Petites histoires de la Ve République

Publié par alias dans Partis & élus

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En  1965, Mitterrand, face à Lecanuet, proclamera qu’il n’est l’homme d’aucun parti, mais celui d’un combat, qu’il sera l’homme d’une politique et veut être celui d’une espérance, et face à De Gaulle :  »Je ne suis pas l’homme d’un parti, je ne suis pas l’homme d’une coalition de partis, je suis le candidat de toute la gauche, de la gauche généreuse, de la gauche fraternelle qui, avant moi, qui, après moi, a été et sera la valeur permanente de notre peuple ». Réplique de De Gaulle « La France, c’est tout à la fois, c’est tous les Français. Ce n’est pas la gauche, la France. Ce n’est pas la droite, la France…Le fait que les partisans de droite et les partisans de gauche déclarent que j’appartiens à l’autre côté prouve précisément que…maintenant comme toujours, je ne suis pas d’un côté, je ne suis pas de l’autre, je suis pour la France ». Et d’attaquer ouvertement, personnellement, pour la première fois, Mitterrand « candidat de la gauche, mais pas du tout, il est aussi le candidat de la droite [désistement en sa faveur de Tixier-Vignancour], je ne vous l’apprends pas, il est le candidat des partis… »

En 1968, De Gaulle proposera de fusionner le Sénat avec le Conseil économique et social ; le pouvoir législatif ne relevant plus que de l’Assemblée nationale. Il ajoutera que l’évolution de la participation à tous échelons, nation, région, entreprise, conduit à instituer dans chaque région une assemblée analogue au Sénat économique et social institué à l’échelon national. L’élaboration du projet de loi référendaire ne sera pas une sinécure. La SFIO, le PSU et le PCF voteront contre. Adressant cette dépêche le 28 avril 1969 : »Je cesse d’exercer mes fonctions de Président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi », De Gaulle tire la conséquence de son référendum-suicide (plebiscitaire).

En 1972, Pompidou, interrogé sur la construction européenne suite à l’adhésion de l’Angleterre, de l’Irlande, du Danemark et de la Norvège au marché commun, proposa (formellement, la proposition émane du gouvernement) que l’élargissement de la Communauté soit ratifiée par tous les Français (et non par le Parlement). Il en résultera un demi-échec, si ce n’est un échec, l’abstention atteignant presque les 40%. Les communistes appelèrent à un non agressif à une Europe capitaliste, pillier de l’Alliance Atlantique et ennemie virtuelle de la Russie Soviétique ; les socialistes appelèrent au refus de vote (par abstention), tout en proclamant hautement leur fidélité à leur vocation européenne.

En 1973,  Giscard d’Estaing déclara « hostile à la coincidence des élections législatives et présidentielles…je n’en crois pas moins depuis longtemps que le septennat n’est pas adapté à nos institutions nouvelles, et ma propre expérience m’a confirmé dans cette idée. Il va de soi toutefois que je pourrais envisager sa réduction, à compter de l’élection de 1976, et par les voies de l’article 89 de la Constitution, que si un accord suffisant était conclu entre les membres des deux assemblées pour que le projet de loi ne soit pas encombré et du même coup condamné par des propositions connexes ». Après la farouche opposition des gaullistes, la gauche va s’opposer en bloc au projet. Alors que son programme opte pour le quinquennat, toute simultanéité exclue entre élections législatives et présidentielles, alors même que ce même programme réclame l’utilisation exclusive de l’article 89 pour réviser la Constitution, car, c’est là que cette Gauche estime que le Programme commun de la Gauche forme un tout, traduit une « vision institutionnelle globale » et qu’en reprendre une disposition isolée n’a par suite aucun sens.

Pour être en capacité de se présenter à l’élection présidentielle de 1981, il faut, depuis la loi organique du 18 juin 1976, être parrainé par 500 élus issus d’au moins 30 départements différents. Si Brice Lalonde parvient à être présent pour les écologistes, cela sera grace à Bernard Stasi, leader des centristes du Centre des démocrates sociaux (future composante de l’UDF), lequel appela les élus à le soutenir : officiellement pour qu’il ne mette pas en cause « la démocratie bafouée », en prime, parce que les giscardiens espéraient ainsi prendre utilement des voix à Mitterrand. Fidèle à sa ligne ni droite ni gauche, Brice Lalonde (3,9%) ne se désistera pour personne, mais n’en note pas moins que les réponses de Mitterrand à son questionnaire sont plus claires que celles de Giscard. Préciseuse indication pour les hésistants, relèveront Guy Carcassonne et Olivier Duhamel, chacun appréciera. Fait plus connu, après son refus d’appeler ses partisans à soutenir Giscard d’Estaing pour le second tour, Jacques Chirac sera accusé de soutenir le candidat socialiste, François Mitterrand, en ne se prononçant qu’à titre personnel en faveur du président sortant « S’agissant de l’élection présidentielle, où ne restent en présence que deux candidats au second tour, il n’y a pas lieu à désistement. Le 10 mai, chacun votera en conscience. A titre personnel…je ne peux que voter pour M.Giscard d’Estaing. » Une page de l’histoire se tourne.

Candidat  % des exprimés  Suffrages 
Valéry Giscard d’Estaing (Union pour la démocratie française)  28,32  8 222 432 
François Mitterrand (Parti socialiste)  25,85  7 505 960 
Jacques Chirac (Rassemblement pour la République, soutenu par le Centre national des indépendants et paysans 18,00  5 225 848 
Georges Marchais (Parti communiste français 15,35  4 456 922 
Brice Lalonde (Mouvement d’écologie politique 3,88  1 126 254 
Arlette Laguiller (Lutte ouvrière 2,30  668 057 
Michel Crépeau (Mouvement des radicaux de gauche 2,21  642 847 
Michel Debré (Divers droite gaulliste 1,66  481 821 
Marie-France Garaud (Divers droite gaulliste)  1,33  386 623 
Huguette Bouchardeau (Parti socialiste unifié 1,10  321 353 

28 mai 2010

Le cas de conscience de Pierre Joxe

Publié par alias dans Partis & élus

Dans le prolongement d’ »Un contentieux constitutionnel plus démocratique« , voici un article portant sur le « Cas de conscience » de Pierre Joxe.

Celui-ci évoquera dans son ouvrage son attachement à l’existence de médias pluralistes et indépendants du pouvoir politique, condition nécessaire à la démocratie. Le fait qu’il ait dû, en tant que sous-lieutenant de l’Armée de l’air, censurer la presse algérienne putchiste, lui, fils de l’ancien Ministre gaulliste aux affaires algérienne, le mit fort mal à l’aise. « Mais l’ordre social est un droit sacré qui sert de base à tous les droits ». La réhabilitation des généraux de l’OAS par Mitterrand suscita son incompréhension, mais « n’est pas Antigone qui veut ». Le soutien de Mitterrand à l’égard de Silvio Berlusconi, lequel racheta la Cinq, le heurta profondément « Vous connaissez beaucoup de milliardaires prêts à financer une télévision socialiste ? «  lui répondit Mitterrand. Critique à l’égard du 49-3, Pierre Joxe n’apprécie pas les coups de force, mais il préfèrera faire tête de carême. Auditeur à la Cour des comptes, il verra ses dossiers portant sur la corruption autour de l’aménagement du littoral languedocien, ou bien sur les abus des médecin de la maternité de l’hôpital d’Albi, enterrés par sa hiérarchie aux profits de certains Elus locaux (?), si bien qu’il démissionnera de la Cour…Pour y revenir, bien plus tard, en tant que Président et pousser de jeunes magistrats à dévoiler les scandales.

On pourrait presque croire que Joxe règle ses vieilles rancoeurs à l’égard de Mitterrand, pourtant, il n’en n’est rien, puisqu’il appartient toujours à son fan club en tant que vice-président du bureau de l’Association des amis de l’Institut François-Mitterrand ; de plus l’éthique de convictions laissera tout au long de sa carrière place à l’éthique de responsabilité – ce qui ne veut pas dire absence de convictions. Sa rigidité « apparente (?) » serait imputable à son éducation protestante. Censeur et moraliste par vocation mais condamnant la censure, il deviendra à 75 ans son propre juge, quitte à outrepasser les règles imparties aux hauts fonctionnaires, à savoir le devoir de réserve. Une fausse humilité, de fait, un travail de contorsionniste, celui d’un homme qui ne cesse de lutter contre sa propre nature. Au bout de la route : la rédemption.

 

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25 mars 2010

“Socialistes la chute finale ?” selon Jean Poperen

Publié par alias dans Partis & élus

Après un résumé de l’ouvrage de Michel Rocard  »Si la gauche savait », voici celui de Jean Poperen intitulé « Socialistes, la chute finale ? ». Membre de la direction du nouveau Parti socialiste dès 1971, Poperen fut député du Rhône en 1973, Maire de Meyzieu dès 1977, numéro deux du parti socialiste de 1981 à 1987 et Ministre du gouvernement Rocard. Dans cet ouvrage écrit en 1993, il livre son ultime combat contre les tenants de la 2e gauche, qu’incarnent à l’époque Rocard, le leader, Mitterrand, la connivence et Mauroy, le courtier. 

Ainsi commence-t-il, « Il ne faut pas oublier le peuple, même quand on a l’oeil rivé sur les taux d’intérêt » ou encore « Comment battre le libéralisme social de Balladur quand on fait soi-même du social-libéralisme? Cette gauche n’est pas celle du peuple. Elle n’est pas la mienne. Il faut construire la gauche de notre époque, celle de la nouvelle révolution de l’économie capitaliste : la mondialisation. Celle aussi de l’urgence pour le milieu naturel, de l’explosition démographique et des flots migratoires, des vagues de l’intégrisme, proclamé et sournois ». Un propos visionnaire pour le parti socialiste des années 90. « L’argent est la valeur universelle de toutes choses, constituée pour soi-même. C’est pourquoi il a dépouillé le monde entier, le monde des hommes, ainsi que la nature, de leur valeur originelle. Ainsi que la nature ! Comment sauver la nature sans mettre en question le profit ? Les incantations écologiques n’esquiveront pas la réponse. »

Que s’est-il passé ? interroge l’auteur. « Le poing combatif sous la rose épanouie annonçait que les fins de mois aller changer. La gauche au pouvoir, ce sont d’abord les augmentations du revenu salarial. S’il n’y a pas ça, le reste ne vaut pas. Or, il ne font pas du socialisme, mais ils font du social…Ils ont fait le RMI. La masse des salaires nets a baissé en France de 1982 à 1988, marquant ainsi le basculement du travail vers le capital. Pourtant, le parti de la justice sociale, c’était sa fonction, sa vocation. Et cette vocation là ne se troque pas contre un brevet de bonne gestion. Deux actes, en eux-mêmes décisifs, résument et symbolisent cette inversion historique du socialisme français et de son espérance : la désindexation des salaires sur les prix et la non-remise en cause de l’autorisation administrative préalable de licenciement.

Et plus gravement, où est le socialisme ? Entre le plan et le marché, rien entre ? On avait cru que les socialistes français avaient une réponse entre la rupture et la capitulation. C’était l’économie mixte, la société à économie mixte comme on disait quand le mot était à la mode. Mais l’économie mixte est passée à la trappe, comme la rupture, comme l’autogestion. La trappe déborde. Exit la voie moyenne. Changer la vie est devenu la force tranquille. L’image est le petit village de France de toujours, non les horizons heurtés du Nouveau Monde, une vision du consensus plutôt que de la lutte. Les socialistes avaient nationalisé la Banque pour le bien de l’économie nationale : la banque continue de tourner pour elle-même, sur elle-même, aux fins de profits financiers. Les gouvernements socialistes français ont mérité le prix de bon élève de la classe, le prix de l’honneur, d’avoir assumé la suppression de tout contrôle des changes, restauré la libre circulation des capitaux.

La justice sociale serait que les nantis du salariat renconcent à leurs privilèges, au lieu de prendre part au combat commun pour que soient apportées des garanties à ceux qui n’en ont pas, l’égalité par le bas. Première cible : la fonction publique. Plutôt que la partage global des revenus, le partage entre salariés  Les réformes seront faites par la bourgeoisie républicaine qui, naturellement, les dose : hardie quand elles élargissent les libertés publiques, elles chipotent et ne concédent qu’à reculons les réformes sociales. Généreuse pour les droits de l’homme, chiche pour les droits du travail.   Le socialisme des années 90 aura été le socialisme caritatif, celui qui cherche sa plénitude dans la politique de la ville, c’est-à-dire dans ses opérations sparadraps sur les tumeurs malignes de la misère : les banlieues. En prolongement, le tiers-mondisme. Il est devenu comme l’essence de la gauche. Enorme phénomène compensatoire, exutoire planétaire de la gauche qui, bloquée sur son réduit hexagonal, essaie de retrouver respiration aux souffles du grand large…du grand large des déserts subtropicaux. »Le socialisme en bout de course est la meilleure lessive : le socialisme rose ne change pas le monde, mais il lave plus blanc ».

A la différence de ses grands frères de l’Europe du Nord, le parti socialiste français n’est pas un habitué du pouvoir. Les trois coalitions qu’il avait dirigées s’étaient toutes fois fracassées. La première contre le mur d’argent en 1937, la deuxième contre le Kominform en 1947, la troisième sur la guerre d’Algérie en 1957.  Du coup, une sorte de malédiction hante les socialistes : avant même la victoire, ils craignent son lendemain. Ils sont persuadés que, sur le terrain, les communistes ont nécessairement l’avantage. Et même après 1981, les communistes restent la grande affaire des socialistes : les socialistes vivent leur victoire comme si le PC n’était pas vaincu. L’inhibition est surtout celle des politiques, des cadres militants. Ce n’est pas l’ivresse qui perdra les socialistes ; ce que les gouvernants vont appeler la sagesse va tuer l’ivresse…Parce qu’il n’y a pas de majorité franche, à gauche ou à droite, toute victoire de l’une des coalitions est fragile. Pour cette raison, le marais électoral, les forces intermédiaires, en glissant d’un côté ou de l’autre, font la décision ; et c’est ainsi que le centre politique, si souvent dans notre histoire, a arbitré, décidé, et, en fin de compte gouverné.

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Poperen J., Socialistes la chute finale ?, Plon, 1993.

5 décembre 2009

Si la gauche savait selon Michel Rocard

Publié par alias dans Partis & élus

Le côtoyant dans la même section, je me souviens surtout d’un homme fort discret et en retrait. J’aurais tant apprécié qu’il nous transmette son expérience. Son dernier ouvrage en 11 conversations intitulé « Si la gauche savait » dévoile un homme à la mémoire surprenante. Ainsi estime-t-il que « dans ce monde flou où l’on ne comprend rien, la prime électorale va à celui qui explique ».  Ses principaux combats portèrent autant sur la moralisation de la vie publique que sur la décentralisation.

Aux origines, Michel Rocard se définit comme un calviniste athée : « Calvin a beaucoup insisté sur la nécessaire distinction entre l’autorité de l’Eglise et le pouvoir d’Etat. L’autorité ecclésiale, à ses yeux, ne devait agir que par l’influence et la persuasion. La contrainte était l’affaire exclusive des pouvoirs publics ». Il militera afin de raccorder les catholiques à la gauche laïque.

C’est aussi un social-démocrate frustré, dénonçant sans cesse l’éloignement de la gauche avec la société civile et les syndicats : « La somme de ces deux handicaps, les militants des droits de l’hommes de la république sont au Parti Radical ou nulle part et les militants ouvriers sont à la CGT mais pas au parti, fait que le Parti socialiste français restera un petit parti qui, tout au long de son histoire, va se limiter à rassembler quiconque à envie d’être conseiller municipal, ou plus, et quelques curieux ».

Homme de son temps profondément marqué par la guerre d’Algérie, il y verra la 3e mort du socialisme français ; sa seconde mort étant rattachée à la dérive fasciste et sa première mort à sa dérive marxiste-léniniste à l’issue du congrès de Tours. Tandis que les grandes social-démocraties d’Europe du Centre et du Nord avaient été stabilisées électoralement pendant un siècle entre 35 et 42-43% des voix, le Ps français l’était en gros entre 18 et 25%.

Le parti socialiste rentrera dans un coma prolongé jusqu’au réveil dû à François Mitterrand, auquel il reprochera sa participation à la guerre d’Algérie sous le gouvernement Mollet, ainsi que son absence de convictions. (en 1961, le Premier Ministre Michel Debré demandera à ce que les personnes manifestant contre la guerre d’Algérie et candidates au concours de l’ENA soient rayées des listes). Selon les rocardiens, être mitterrandien revient à ne croire en rien à l’importance des idées.

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1 octobre 2009

Clearstream : règlement de comptes pour l’Elysée

Publié par alias dans Partis & élus

Une fois n’est pas coutume, j’ai lu un polar et j’y ai pris du plaisir. Le livre « Règlement de comptes pour l’Elysée », co-écrit par deux rédacteurs en chef de l’Express, jette un coup de projecteur sur l’affaire Clearstream et ses ramifications financière, politique, judiciaire…Je ne vais pas vous raconter l’histoire, cela perdrait tout son intérêt. Le script met en scène des comploteurs : des industriels du groupe Lagardère, dont l’ancien n°2 du groupe EADS (le Corbeau proche de Villepin) épaulé d’un informaticien surdoué employé par la DGSE (la piscine), ennemi du patron d’Airbus ; le consortium Lagardère étnt en conflit avec Thomson-Matra-Dassault-Alcatel (proche de Chevènement). Des enjeux diplomatiques entre la France, Taiwan et la Russie. Une banque aux pratiques douteuses et des paradis fiscaux. Des enquêteurs tels que le général Rondot conseiller auprès de la Ministre de la défense, Pierre de Bousquet le directeur de la DST, les trois juges d’instruction Van Ruymbeke (affaire Urba, appel de Genève), d’Huy et Pons. Des hommes politiques, Dominique de Villepin – soutenu par Michèle Alliot Marie - et Nicolas Sarkozy (Nagy de Bosca)- soutenu par Dominique Perben et son avocat, Thierry Herzog (avocat de Jean Tiberi, je ne fais pas de fixation pour autant) - entre lesquels s’engage une lutte à mort en vue des présidentielles. L’univers du groupe Lagardère pourrait facilement faire l’objet d’une B.D style Largo Winch ou d’un film à rebondissement à la James Bond, avec Sean Connery, tant qu’à se faire totalement plaisir. Les auteurs concluront à un risque de désenchantement du politique, sans préciser que le jeu médiatique, sous couvert de transparence, est souvent à double tranchant.

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Pontaut, J-M., Gaetner G., Règlement de comptes pour l’Elysée, Oheditions, 2006.

20 septembre 2009

Quels termes pour une alliance Verts/PS ?

Publié par alias dans Partis & élus

L’Opéra national de Lyon était plein à craquer d’étudiants de science po. Le second débat organisé dans le cadre du Forum Libération ce vendredi 18 septembre 2009, servit surtout de tribune à un Daniel Cohn Bendit désiré, face à un Claude Bartolone, Secrétaire du PS en charge des relations avec les autres partis, non attendu.  Il remplacera au pied levé Martine Aubry, laquelle se fera longuement huée pour son absence. N’acceptant d’échanger qu’avec Cécile Duflot, la Secrétaire lilloise aurait préféré ne pas venir à Lyon, selon les dires de Claude Bartolone, lequel excellera à discréditer les instances de son propre parti. Il tentera une incise : la ligne de Cécile Duflot (les Verts) ne serait peut-être pas celle de Dany (Europe Ecologie), ou encore, Martine n’aurait pas réussi à joindre Dany avant le débat…mais il ne sera pas entendu. Chacun interprétant l’absence de la Secrétaire nationale du PS comme un manque de courage politique, tant il est vrai que débattre avec Daniel Cohn-Bendit  ressemble à une partie de rodéo. Claude Bartolone ne fera pas contrepoids.

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26 juin 2009

Le centrisme en France : un échec ?

Publié par alias dans Partis & élus

Suite à l’article portant sur le livre de Jean Vavasseur-Desperriers « les droites en France« , je vais ici m’intéresser aux partis du centre en me référant à l’ouvrage dirigé par Sylvie Guillaume « le centrisme en France au XIX et XXe siècles : un échec ? ». Ce recueil est très technique, sans doute trop complet pour en avoir une lecture confortable. Le synthétiser est une gageure. Les chercheurs constatent la multiplication des échecs des partis centristes en France et en analysent les causes. Pour commencer, la fragilité du centre tiendrait de la difficulté à trouver une autonomie dans le paysage politique français. De formations hétérogènes, ils sont tiraillées entre la droite et la gauche. Leur fragilité tient aussi  la relative brièveté de leur exercice du pouvoir, lequel se réalise lorsqu’il s’agit de combattre un ennemi commun, dans le cadre d’un projet par défaut. Sous la Ve République, ils souffriront de la bipolarisation de la vie politique mais ils seront aussi victimes de leurs faiblesses internes. Leurs militants sont plus modérés, tandis que leurs dirigeants et électeurs sont plus conservateurs. Si les projets centristes peuvent avoir une cohérence, ils s’effacent au nom d’une gestion pragmatique de la politique et des stratégies de compromissions, puis se terminent par une forme de conservatisme et d’immobilisme. Ce processus de recentrage à droite concerne tous partis au pouvoir, mais dans ce cas, cette accentuation à droite est particulièrement dû au caractère  hétérogène des partis centristes qui sont nés de formation de coalitions et d’ententes circonstancielles. Nombreuses sont les personnalités politiques qui furent séduites par le centrisme : Gambetta, Valéry Giscard d’Estaing, Aristide Briand, Henri Queuille, Jean Lecanuet, Jean-Jacques Servan Schreiber. Mais finalement, quelles peuvent bien être les valeurs sur lesquelles se définissent les centristes ?

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3 juin 2009

Droite/gauche : du pareil au même ?

Publié par alias dans Partis & élus

On entend souvent des électeurs s’exprimer non sans désillusion sur les prétendus clivages des formations politiques. Ainsi, partis de droite ou partis de gauche, les différences ne seraient pas ou si peu perceptibles. Quant à l’opinion des sympathisants ou militants un peu plus aguerris, elle se trouve de facto biaisée par une forme d’endoctrinement. Ainsi, chaque parti organise des formations internes  sur l’histoire de son propre appareil politique, sans aller voir ou étudier ce qui se dit au-delà. (cf Yves Frémion, Histoire de la révolution écologiste, 2007 ; Alain Bergounioux, Les socialistes pour les nuls, 2008).

Cela créé inévitablement certaines ornières et se révèle être une faiblesse stratégique, laquelle n’épargne évidemment pas le gouvernement en place (cf François Fillon, La France peut supporter la vérité, 2006). Ainsi François Fillon placera-t-il sur l’échiquier politique les verts au niveau de la LCR ! Absurde, lorsque l’on sait que de nombreux écologistes viennent du centre. Les militants de gauche ont également des idées surfaites sur la droite, la considérant comme un bloc monolithe alors que celle-ci est fortement divisée. 

Les  ouvrages les plus connus étant ceux de René Remond, Les droites aujourd’hui, 2005 et celui de Jean-François Sirinelli, Histoire des droites en France, 1992. Il est aussi possible de lire l’ouvrage de Sylvie Guillaume, Le centrisme en France au XIX et XXe siècles : un échec ?, 2005. Je vais  vous parler ici de cette nébuleuse qu’est la Droite à partir du livre de Jean Vavasseur-Desperriers, Les Droites en France, 2006. 

L’histoire commence à la révolution française, lorsque les constituants ont dû se positionner sur le droit de veto (absolu de droite – suspensif de gauche) du Roi dans la procédure législative. La droite privilégiait l’ordre établi, la tradition, la hiérarchie, le conservatisme ; la gauche la transformation sociale,  l’esprit de libre examen, l’égalité, le progressisme.  Mais ces cultures - le libéralisme, le traditionalisme, le nationalisme - ne sont pas a priori de droite ou de gauche ; l’auteur souhaite attirer notre attention sur la situation historique, la temporalité.

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24 mars 2009

Daniel Cohn-Bendit et son projet d’utopie descriptive

Publié par alias dans Partis & élus

Les premières pages de ce livre  »Que faire » font dans la provocation, notamment lorsque Daniel Cohn-Bendit précisera son identité en disant qu’il se sent français pour le sport, ou parce qu’un jour les français ont déclaré « nous sommes tous des juifs allemands », ou encore justifiant de sa présence sur la liste Europe Ecologie en Ile-de-France « après tout, n’avais-je pas fait deux mandats en tant qu’Allemand contre un seul en tant que Français ».

Passé ce prologue peu intéressant, il présentera dans son chapitre 1 son itinéraire politique et une courte histoire de l’écologie, en passant des trois écologies de Félix Guattari, à la pensée anti-autoritaire et à la culture libertaire de Wilhelm Reich et Herbert Marcuse, au mouvement Provo des cyclistes d’Amsterdam, à la critique des sciences formulée par Jacques Ellul et Bernard Chardonneau, aux premiers penseurs écologistes des années 1970 : André Gorz – Cornélius Castoriadis – Claude Lefort, à la nouvelle civilisation du bien-vivre et non du bien-être d’Edgar Morin.

Il évoquera par la suite les premières mobilisations localistes, lesquelles en interagissant, permirent l’apparition d’une prise de conscience écologique. Des militants de la première heure, dont il reste quelques échos encore aujourd’hui, promurent alors des thèses très conservatrices, connues sous le nom de « conservatisme », adepte d’un retour à la vie sauvage « wilderness », comme l’illustre le film Délivrance de John Boorman (1972). 

Puis, au début des années 70, les idées environnementalistes rencontreront les nouveaux mouvements en faveur des droits et libertés, issus de la culture des campus et des révoltes estudiantines. Le fondateur de l’écologie sociale est Murray Bookchin. Cette incarnation « mouvementaliste » va se rapprocher des « alternatifs ».

La dynamique du mouvement  s’accélérera suite à l’accident de Three Mile Island en 1979, la catastrophe de Tchernobyl en 1986, aux récurrentes marées noires et pluies acides.

Le discours était encore très anti-parlementariste ; les militants divisés entre « fondamentalistes » et « réalistes ». En s’alliant au parti social-démocrate, les Verts allemands deviendront le plus puissant parti écologiste en Europe ; les Verts français devirent une véritable formation politique en 1984.

Délaissant peu à peu les mouvements sociaux, la plupart des partis Verts ne tarderont pas à passer des accords électoraux avec d’autres partis de gauche, jusqu’à accéder à des gouvernements nationaux après 1995. En 2002 se constituera le Parti vert européen, lequel a rédigé un «Manifesto».

Toutefois, l’action en faveur de l’écologie se heurte parfois à la mise en œuvre de politiques opérationnelles, lorsqu’il faut par exemple arbitrer entre la défense du paysage et le développement d’un réseau de TGV. Une radicalité incantatoire peut facilement virer au dogmatisme et engendrer des conséquences sociales redoutables. Il importe alors à l’écologie politique d’organiser les conditions d’un débat démocratique.

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19 février 2009

L’enfer de Matignon

Publié par alias dans Partis & élus

Ce livre « L’enfer de Matignon » ne m’a pas appris grand-chose. Il se parcourt facilement, bien que le zapping incessant entre les citations des premiers ministres lasse un peu. La journaliste du Monde a toutefois le mérite de donner la parole à des hommes politiques qui ont conduit la politique de la nation.

Finalement, ces vies ressemblent à celles de n’importe quel élu… l’enjeu national en moins, quoique…Etre disponible de jour et de nuit, week-end compris ; gérer le quotidien sans trouver le temps nécessaire à la réflexion, être sommé de trouver une réponse rapide à des débuts de crise forcément complexe, espérer ne pas s’être trompé sans en être jamais vraiment assuré, manquer de temps pour mettre en place des réformes nécessitant de longues concertations chronophages ; manœuvrer au sein d’une équipe plurielle où les coups portés émanent le plus souvent de sa propre famille politique, entretenir un rapport compliqué avec les membres de son parti, à qui il faut à la fois rendre des comptes, assurer la réélection, tout en continuant à garantir l’intérêt général de la nation ; se trouver acculé par des médias sans jamais obtenir un droit de réponse équivalent, perdre la face pour une simple question d’image et de fausse rumeur, fréquenter un univers misogyne, entreprendre seul la traversée du désert ; se plaindre de l’absence de transmission de son prédécesseur, tout en ne manquant pas de le railler s’il avait eu la naïveté de laisser quelques fiches-conseils ; se confronter à la lourdeur administrative, à son inertie ainsi qu’à ses préconisations contradictoires et se replier finalement sur son cabinet ; déplorer le manque de relais fiables au sein de la société civile, avoir le sentiment de se couper de la réalité, de ne plus voir sa famille ; tout en étant persuadé d’avoir fait de son mieux…et d’avoir été indispensable à la conduite des affaires publiques.

Bacque R., L’enfer de Matignon, Albin Michel, 2008.

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