L’élaboration budgétaire d’une collectivité en transition écologique : un voeu ?
La LOLF introduit la prise en compte de la performance dans la négociation, la préparation et l’exécution des lois de finances. Imaginons sa transposition à une collectivité territoriale en transition écologique…
La loi organique relative à la loi de finances (LOLF) du 1er août 2001 a profondément modifié la structuration des crédits du budget de l’Etat. Leur répartition n’est plus fonction de leur nature (titre, chapitres et articles, services votés/mesures nouvelles) mais de leur rattachement à une politique publique (missions/programmes/actions).
Du fait de la dégradation de la situation des finances publiques, la négociation ne pote plus sur la seule répartition du surplus annuel, mais aussi sur le dégagement de crédits disponibles, le redéploiement de moyens suivant les priorités du gouvernement et la mise en œuvre d’économies structurelles. L’adoption d’un budget triennal apporte une meilleure visibilité.
Pour remédier au défaut de collégialité dans la définition des choix budgétaires, et pour faire partager la contrainte de soutenabilité des finances publiques, la procédure prévoit un cadrage global en début d’année qui associe l’ensemble des parties prenantes de l’administration (directions et services, organisations syndicales, conseil de développement/de quartier) lors d’une conférence annuelle des finances locales.
Le président/maire organise un séminaire de la majorité sur la stratégie budgétaire en janvier. A l’issue de cette étape, chaque vice-président/adjoint reçoit une lettre de cadrage des négociations. Le vice-président/adjoint chargé du budget rencontre ensuite ses collègues dans le cadre de réunions de réformes structurelles afin d’identifier les marges de manoeuvre, les sujets d’approfondissement et d’amélioration de la qualité du service.
Les conférences de budgétisation pluriannuelle se tiennent à partir de mai et permettent à la direction du budget et à l’ensemble des directions de dialoguer de leurs positions respectives sur les plafonds de dépenses sur trois ans, en intégrant les réformes déjà décidées entre élus.
Les arbitrages du président/maire, sous forme de lettres de plafonds pluriannuels, interviennent en juin-juillet, suivis en conseil par un débat d’orientation budgétaire à l’automne. Celui-ci est l’occasion pour l’exécutif de présenter un rapport sur les perspectives économiques, les orientations de sa politique économique, ainsi que la liste des missions, programmes et des indicateurs de performance envisagés pour le prochain budget.
Les sujets relatifs à la performance climatique (justification au premier euro, objectifs et indicateurs, analyse des coûts…) sont inscrits dans la négociation budgétaire. La performance climatique doit permettre, sous contrainte budgétaire, d’apprécier et d’améliorer l’efficacité de la dépense publique et celle de la gestion des responsables de programmes et d’évaluer la pertinence des actions financées.
Des conférences de performance climatique réunissent entre avril et mai la direction du budget et les autres directions, soit en aval de la discussion sur la fixation de l’enveloppe des crédits par mission et avant la phase de répartition. Il s’agit de fixer la liste et la valeur-cible des indicateurs, en tenant compte des observations du conseil et des services juridiques. Par ailleurs, la mise en place d’une compatibilité spécifique d’analyse des coûts écologiques doit permettre d’analyser les coûts complets (externalités négatives et positives).
Les documents budgétaires sont enrichis, tout au long de la procédure, d’éléments sur la performance climatique de l’action publique : Les projets annuels de performance écologique (PAP) regroupe les objectifs et indicateurs, eux-mêmes déclinés en trois catégories, selon trois points de vue (usager, citoyen, contribuable) : indicateurs de qualité de service, indicateurs d’efficacité climatique (social, économique et environnemental) et indicateurs d’efficience.
Les PAP, qui accompagnent les nouveaux bleus budgétaires par mission, retracent ainsi par programmes les objectifs, les indicateurs et les cibles de résultat, dont l’atteinte sera mesurée dans les rapports annuels de performance climatique (RAP) annexée au compte administratif.