Vers une éducation alternative !
Malgré une montée indéniable du niveau de formation et de qualification des jeunes, de profondes inégalités persistent face aux études : presque 10% d’une classe d’âge sortent encore aujourd’hui du système scolaire sans formation professionnelle et 12% éprouvent des difficultés pour lire des textes nécessaires à leur vie quotidienne. Malgré les multiples réformes visant prétendument à l’égalité des chances, les inégalités du système scolaire se sont accrues, entre les diplômes, entre les bacs, entre les filières donnant un emploi et les autres, entre établissements connus et ceux des banlieues. Il existe aujourd’hui une véritable fracture scolaire.
Afin de résoudre ce dilemme, Luc Ferry initia un Grand débat sur l’avenir de l’école du XXIe siècle, lequel déboucha sur le rapport Thélot puis sur la loi Fillon. Le gouvernement avait alors estimé que l’objectif de l’éducation consisterait à organiser une « économie de la connaissance la plus compétitive possible, capable d’une croissance économique durable ». Nous, écologistes, sommes opposés à cette vision de la société, en accord avec notre lutte contre cette idéologie de la croissance aveugle et de la compétition.
On ne peut que déplorer le fait que le précédent rapport Thélot n’ait pas su aborder le problème du fonctionnement de l’institution et son organisation pyramidale peu démocratique. Pour les Verts, l’autonomie des établissements reste une piste à explorer, à condition bien sûr qu’elle ne soit pas synonyme d’inégalités territoriales, de démantèlement du service public, et puisse s’inscrire dans un cadre national solidaire. Du côté des apprentissages, ont été oubliés les modes d’appropriation des connaissances par les élèves et la cohérence des enseignements entre eux. Comme par hasard, les initiatives comme les Itinéraires de découverte, les TPE, qui avaient permis de développer l’autonomie des élèves, tout comme les pratiques innovantes et coopérantes, ont été négligées.
Quant à la loi Fillon actuellement en vigueur, lorsqu’elle ne contredit pas le rapport Thélot, elle le pervertit dans un sens réactionnaire. Monsieur Fillon, actuel premier ministre, n’a pas su entendre l’envie d’apprendre des élèves, leur recherche de responsabilité et d’autonomie. Les maîtres mots de son texte ne furent que : sélectionner, punir, répéter. Ainsi, au lieu d’une pédagogie différenciée, le Ministre a mis en place une option professionnelle qui devient un pré-choix et dont on peut deviner qu’elle concerne d’abord les élèves en échec. De même, au lieu d’une éducation du citoyen, le nouveau brevet des collèges comportera une note de conduite. Quand le rapport insistait sur l’aide la plus rapide possible aux élèves en difficulté et n’envisageait le doublement qu’en fin de cycle et en dernier recours, M.Fillon, lui n’a su envisager que des doublements.
Enfin et surtout, alors que le rapport réclamait une loi de programmation et attachait une grande importance aux moyens mis en œuvre en dehors des situations d’enseignement pour aider les élèves dans leurs apprentissages, le ministre Fillon s’est lancé dans la purge des moyens de l’Education Nationale, tout en confortant les pratiques les plus rétrogrades de retour à l’ordre. Et par le truchement d’un contrat individuel de réussite éducative, il fait assumer, sans les aider, la responsabilité de la lutte contre l’échec scolaire aux équipes éducatives, aux parents et à l’élève.
La société n’est pourtant pas sans ressources. En particulier, les mouvements du printemps 2003, au-delà des revendications sur les retraites et la décentralisation, ont contribué à l’émergence de nouvelles réflexions sur l’enseignement. Solidaires et présents sur le terrains, les Verts ont soutenu et continueront à soutenir tous ceux qui, par leur mobilisation, montreront qu’ils ont une autre vision de l’école, construite indépendamment des impératifs économiques et des besoins du marché, et permettant l’épanouissement et la réussite de tous. Cela passe notamment par la protection des lycéens sans papiers qui vivent dans l’insécurité liée au risque d’expulsion (RESF).
Nous, les Verts, voulons rendre à l’acte d’éduquer sa place primordiale. Une autre école est possible : laïque, populaire, coopérative, émancipatrice, cette école existe depuis des décennies. Les Verts appellent à une réorientation radicale des mesures mises en oeuvre, en concertation avec tous les partenaires concernés. L’éducation ne doit pas être un système établissant un modèle unique du lycéen standard, mais doit prendre en compte la diversité de chacun et l’enrichissement collectif qu’elle génère, respecter les différences de rythmes, intégrer un fonctionnement démocratique sur le mode participatif, développer la richesse de l’offre en matière d’enseignement.
Le respect de ces principes peut seul permettre de construire une école à la hauteur de l’enjeu, en adéquation avec les attentes de notre société. Des pédagogies coopératives telles que la méthode Freinet, Montessori, Steiner ou Decroly les mettent en oeuvre au quotidien. En reconnaissant les enfants comme auteurs de leur devenir et capables de choisir, nous leur ouvrons les portes de l’autonomie et la responsabilité.