Le temps, la ville et l’urbaniste

23 avril 2012

Externalisation et monétarisation des risques (PPP) ?

Publié par alias dans Finances & fiscalité

La philosophe politique Cynthia Fleury, dans son ouvrage « La fin du courage », publié chez Fayard en 2009, écrira « J’ai perdu le courage comme on égare ses lunettes. Aussi stupidement (…). Le courage détermine le contemporain qui perçoit l’obscurité de son temps comme une affaire qui le regarde et n’a de cesse de l’interpeller. »

Elle se réfère à Jankélévitch, lequel estime que le courage est la vertu qui rend les autres vertus opérantes, il relève de la décision pure, celle qui fait origine. Le courage serait donc une maxime de l’action, de ce que l’on doit faire sans le déléguer à l’autre. Sans morale, point de courage, et sans courage, plus de véritable démocratie. Pour reprendre courage, il faudrait cesser de glisser, retrouver la vitalité, chercher la force là où elle se trouve.

Lorsque les pouvoirs publics transfèrent le portage des risques au secteur privé, manquent-ils de courage politique ? Certains justifieront ces transferts de responsabilité en invoquant une supériorité technique du secteur privé, un système d’incitations et de sanctions faisant défaut au secteur public, une flexibilité accrue, en somme, une meilleure performance… L’Etat providence s’efface ainsi devant le secteur assurantiel…

Existerait-il une forme d’aversion des collectivités face aux risques, bien que conçues initialement afin de les mutualiser ? Seraient-elles des clientes parmi d’autres, tel des agents privés, regardant leur propre intérêt économique et immédiat ? L’administration, serait-elle, comme les individus, prête à accepter des risques volontaires plus de mille fois supérieurs aux risques involontaires, prenant alors plus facilement le risque du seul PPP ? Tandis que l’individu peut s’autoriser une prise de risque individuelle susceptible de réduire sa sécurité, il/elle demandera-t-il/elle à être davantage sécurisé(e) quand il/elle n’aura pas la maîtrise du risque ?

Selon Ulrich Beck, dans son ouvrage « La société du risque » paru en 2001 aux éditions Aubier, les sociétés modernes produisent en même temps richesse et risques, lesquels seront davantage pris en compte en raison de la nécessité de maîtriser les effets des développements technologiques, des transports et de la globalisation des échanges ; ces nouveaux risques sont souvent imperceptibles et sans responsable précis. Selon l’anthropologue Mary Douglas, les agents publics respectent le savoir scientifique et institutionnel produit par les experts légitimés par les autorités ; ils sont à la fois risquophobes en raison de la crainte qu’ils nourrissent des perturbations de l’ordre social et aveugles au risque par effet de structure.

Etat paradoxal qui, en imposant davantage de normes sécuritaires, contribue au sentiment d’insécurité des collectivités, lesquelles se tournent vers le privé. L’externalisation des risques pourrait révéler également une contre-réaction à l’inflation normative. La solution du « contrat global de partenariat » leur permettrait  de déléguer plus facilement au privé la mise en œuvre de nouvelles normes, tout en gardant la maîtrise des recettes, à la différence d’une concession. L’inflation normative participerait-elle de la RGPP au pire, au mieux  au renforcement du contrôle de gestion afin de pallier aux asymétries d’information ? A mesure que croît le sentiment d’insécurité s’accroît également diverses formes de contrôle.

La collectivité serait donc disposer à souscrire des emprunts à des taux d’intérêt supérieurs à ceux qu’elle aurait eu à verser en souscrivant un prêt directement en gérant l’équipement en régie, ceci afin de se dédouaner des risques encourus - risques techniques/naturels et juridiques essentiellement - tout ceci, au grand bonheur des actionnaires et au grand damne des fonctionnaires. Sommes-nous finalement irrationnels dans notre rapport au risque ?

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