« Détroit, ville sauvage » ou les limites de la concurrence fiscale
Voir le film Detroit Wildlife from florent tillon on Vimeo.
Ancienne colonie française fondée en 1701, devenue anglaise en 1760, Détroit est cédée aux Etats-Unis d’Amérique en 1783 (traité de Paris) et 1796 (traité de Londres). En 1805, Détroit subit un incendie dévastateur, qui détruisit la majeure partie de l’architecture coloniale française de la ville. Au cours du 19e siècle, les urbanistes, suivant la philosophie de City Beautiful construisent un certain nombre de bâtiments des styles Beaux-Arts et baroque.
La situation stratégique de Détroit au cœur des voies navigables des Grands Lacs en fait un centre logistique. La ville a continuellement grandi à partir de 1830 autour du transport lacustre, des chantiers navals et des industries manufacturières. En 1904, Henry Ford y fonda la Ford Motor Company dans le Renaissance Center (groupe de 7 gratte-ciel).
La croissance explosive de la cité ne se fait pas sans sacrifices. L’air et l’eau de la région sont pollués, et les rives du lac sont outrancièrement industrialisés et interdits aux résidents. Les taudis se sont développés dans plusieurs quartiers, en particulier la partie est, de plus en plus peuplée par les Afro-Américains, dès 1920.
L’Interstate highway permit à des résidents de quitter la ville pour s’installer en banlieue et d’aller au travail en voiture. Le 23 juillet 1967, les émeutes les plus sanglantes et les plus destructrices de l’histoire des États-Unis éclatèrent dans la partie est de la ville. La population blanche quitta massivement la ville.
En 1973, un Maire noir membre de la gauche du parti démocrate est élu, mais il peine à créer des emplois du fait de la concurrence exercée par la ville voisine, Hamtramck, laquelle, sous la pression de l’industrie automobile, autorisent des exonérations fiscales. Le Maire démocrate fit alors appel à l’industrie des Casinos, sans succès.
GM, Ford et Chrysler règnent depuis des décennies sur Détroit. Aujourd’hui, les grands constructeurs automobiles américains masquent de nombreux buildings déserts et délabrés. Le taux de chômage officiel dépasse les 29%, voire 50% dans certains quartiers.
Subissant de plein fouet la crise immobilière et automobile, la ville devenue fantomatique tente de conjurer ce déclin. La transition d’une ville industrielle vers une ville maraîchère est en passe de se réaliser…Ainsi montre-t-elle des signes de résilience dans quelques quartiers (notamment dans le centre-ville et le long de la rivière).
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