Le temps, la ville et l’urbaniste

17 janvier 2011

Le Grand Paris prend-il le large ?

Publié par alias dans Grand Paris & Paris Métropole

A l’occasion du débat sur le Grand Paris, Antoine Grumbach, l’un des architectes-urbanistes planchant sur le projet, déclara à la presse le 4 juin 2008 vouloir « imaginer une métropole qui va jusqu’au Havre, avec des noyaux urbains le long de la Seine qui devient fédérateur ».

Ce débat fait suite à la décision gouvernementale prise en mars 2006, de lancer l’opération d’intérêt national (OIN) de la Seine Aval. Le Grand Paris serait-il en voie d’étendre son périmètre jusqu’au Havre ? Pour en avoir le coeur net, je fis une réservation sur le train Corail « intercities » pour Rouen le 4 juin. Destination, le Conseil régional de Haute Normandie !

Une fois sur site, je pris connaissance d’un rapport émis par le Conseil économique et social du Conseil régional de Haute Normandie (CESCRHN) auquel participa Bernard Robert, Secrétaire Général de la Mission interministérielle interrégionale d’aménagement du territoire pour le Bassin Parisien (MIIAT).

La région, trait d’union entre la mer et le bassin parisien, se targue d’être la première région maritime française à vocation internationale. « La présence de la Seine, parfaitement navigable et ancrée à Port 2000, pourrait représenter un fort potentiel de développement pour cette voie d’eau qui présente déjà le meilleur trafic maritime et fluvial des ports français (porte ouest de l’Europe à spécificité céréalière). Il suffirait pour cela, de faire ressortir les complémentarités géostratégiques des deux ports autonomes (le Havre, port de front + Rouen, port de fond d’estuaire) renforcé par la présence de Dieppe ».

Le CESCRHN conseille de miser sur un développement démographique en attirant les populations des régions limitrophes, en particulier de l’Ile-de-France et suggère à cette fin de réinventer le tropisme de la Manche. Le rapport lance l’idée d’un Espace régional du temps et de la mobilité, lequel serait chargé entre autres de la régulation des transports et de l’évaluation des différents projets d’infrastructure. L’objectif consisterait à développer un maillage de plateformes trimodales (eau, fer, route).  Le CES souhaite favoriser la réalisation du tronçon sud du Canal Seine Nord mais propose aussi la réalisation du canal Seine-Est, afin de créer une voie de fret fluvial fort et direct avec Paris.

Un représentant de la société civile déplore « un dialogue léonien – et ce n’est pas la Normandie la lionne – avec Paris ». Il estime les mesures préconisées par le CESCRHN peu opérationnelles, car non prises en compte par Paris ou par Bruxelles.

Pourtant, le plan de relance permettra de financer des projets fluviaux, tels que des opérations de mise à niveau de la voie d’eau, d’entretien fluvial, de sécurisation et de confortement de digues, et de reconstruction de barrages. Il permettra également d’anticiper la réalisation de certains travaux liés au projet de canal Seine-Nord Europe, ce qui est positif.

Le SDRIF précise que le développement du port du Havre et la réalisation du canal Seine Nord Europe permettrait de renforcer le rôle du faisceau Ouest dans l’approvisionnement de l’Ile-de-France.

Toutefois, la création d’une rocade de contournement de Rouen ne permettrait pas de faire basculer le fret de route vers le fluvial et le ferroviaire. Véronique Béregovoy, Présidente du Groupe EELV du Conseil Régional, m’expliqua combien ce dossier fut l’enjeu d’une bataille politique. 

Dans le domaine du transport ferroviaire des voyageurs, l’organe consultatif suggère de renforcer les liens entre les deux régions normandes et de mettre le Havre à moins de 1h30 de Paris et Rouen à moins d’une heure.  Sur les transports ferrés, il faut bien reconnaître que l’Etat flanche un peu. Le SDRIF précise que l’importance des migrations alternantes avec la Haute et la Basse-Normandie impose de rendre plus cohérentes la billettique et la tarification des transports collectifs, l’accès aux plates-formes aéroportuaires et aux pôles d’emplois du faisceau Ouest.

Les élus régionaux d’Ile-de-France ont considéré que le risque de report du développement de l’Ile-de-France dans les régions limitrophes nécessitait également une plus grande coordination entre régions. Dans tous les cas, et après une attente incertaine à la gare de Rouen, un déplacement journalier n’est, pour l’heure, pas concevable.

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