Du festival de l’oh au domaine du bout du monde
« Le Festival de l’Oh ! », bel exemple de coopération territoriale entre Paris et le Conseil Général du Val de Marne, porte sur l’intégration du fleuve dans la Ville. Tout un symbole. Sa présence a depuis toujours contribué à tisser ou exacerber les liens entre les territoires. J’ai donc tenté l’expérience de ce projet de coopération territoriale.
La navette fluviale Voguéo annoncée pour l’occasion n’étant pas en fonctionnement dans les délais impartis, je me suis rendue du quartier latin vers la nouvelle ZAC Bercy Poniatowski, bien décidée de voyager sur l’eau. Destination, le Val de Marne ! C’est étrange comme le fleuve peut ralentir la perception du temps qui passe et nous déconnecter du consumérisme ambiant.
Le biotope semble particulièrement riche le long des berges. J’entraperçois un ragondin mais pas de renard à l’horizon. Après une demi-journée passée sur le fleuve, et la nette sensation d’avoir traversé des paysages industriels étalés sur plusieurs lieux, mon périple arrive à son terme…dès la première escale, à Maisons-Alfort, coincée par le fait qu’aucun autre bateau ne circule plus au-delà d’une certaine heure.
Quelque peu déconnectée, je me rendis compte que mon aventure ne m’avait guère portée plus loin qu’au bout de la ligne 8 du métropolitain. Cela eut pour effet de relativiser nettement tout le temps nécessaire qu’il m’a fallu pour traverser ce petit bout de paysage.
Inscrite au cœur de la réflexion du SDRIF, la Seine est définie comme étant un site stratégique à part entière, un élément fédérateur du projet spatial régional. Sa valorisation repose sur les principes de mixité d’usages et de maîtrise des risques et des pollutions, de Seine Amont à Seine Aval, en traversant Paris.
La Seine, ses principaux affluents et les canaux comprennent de nombreux éléments, singuliers et ensembles, paysagers ou bâtis remarquables. Les ports, les ponts, les îles, les écluses, les plages, les chantiers navals et les usines jalonnent son histoire.
Selon Paul Chemetov, le cœur du bassin parisien se déplacerait d’ailleurs légèrement au nord-ouest, autrement dit vers le domaine du « du bout du monde ». Juste par curiosité, j’ai découvert que le bout du monde de l’Ile-de-France est situé en effet entre Mantes la Jolie et Saint Germain en Laye, sur les communes d’Aubergenville et d’Epône. Il fut un temps, de nombreux bateaux remontaient de part là bas le fleuve.
Aux dires de Françoise Denais, l’utilisation du chemin d’eau fut pendant des siècles une nécessité en raison du manque de routes. L’auteure évoque assez justement l’historique de ce fleuve dans la revue Ile-de-France Environnement :
Outre le trafic des marchandises, les bateaux ont assuré le trafic des voyageurs, plus ou moins régulièrement. Au 17e s, les voyageurs utilisaient ainsi des coches d’eau pour se rendre à Rouen, mais il leur était plus difficile de faire la route dans l’autre sens.
Les bateaux montants devaient avoir recours au halage, attelages de chevaux le plus souvent, mais aussi d’hommes ou de bœufs. La Seine, non canalisée à l’époque, obligeait les bateaux venant de Rouen à changer par 52 fois de rives pour trouver le bon chenal. Dès l’apparition de la vapeur, un service régulier de bateaux à vapeur à roues à aubes fut organisé entre Paris et Rouen vers 1836. Les départs s’organisaient sur le quai d’Orsay. *
Avec l’inauguration du chemin de fer allant de Paris à Saint-Germain, ils furent ensuite reportés au Pecq et ce vers 1838. Le voyage de Paris au Pecq, lequel nécessitait pas moins de 4 heures par le fleuve, fut alors réduit considérablement à 35 minutes par le chemin de fer.
Les voyageurs se rendaient à la gare de Saint Lazare à 7h du matin, puis prenaient le bateau à 8h sur le quai de la Seine, avec un arrêt à Maisons-Laffitte au lieu dit « le Petit Havre ». Il n’y avait pas moins de 18 escales pour 200 Km parcourus, soit 10 heures de trajets pour faire le Pecq-Rouen. Des correspondances étaient par la suite prévues vers Londres et New-York via le Havre.
Ce pittoresque et très fréquenté moyen de communication dura une cinquantaine d’années. Concurrencé par le chemin de fer, il finit par disparaître.
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